Amandine nous raconte son parcours solo pour devenir maman. Un parcours qui n'a pas été simple, mais elle est aujourd'hui l'heureuse maman de jumeaux.
"Vers 35 ans, célibataire un manque profond m’animait. J’avais le sentiment de passer à côté de quelque chose dans ma vie. En même temps très heureuse de ma vie, je voyageais beaucoup pour moi mais aussi pour le boulot et cela me passionnait.
Une amie dans une situation similaire me fait part de démarches qu’elle avait entreprises pour concevoir un enfant seule. L’idée était de pouvoir concevoir un enfant sans devoir «forcer/tromper/embarquer» quelqu’un dans un choix de vie qui n’était pas le leur. Elle me parle des résultats de ses recherches : la possibilité en tant que femme seule de pouvoir concevoir «seule» un enfant grâce à la PMA. Dans la mesure, bien évidement où le dossier est accepté.
La discussion fait son chemin et quelques mois plus tard, après avoir ouvert la conversation avec mon entourage sur la possibilité de recourir à cette option, je prends contact avec un centre PMA. Mon amie étant néerlandophone, je me tourne vers le centre qu’elle connaît pour prendre connaissance des démarches à suivre. J’obtiens mon premier rendez-vous où l’on m’explique les étapes de la procédure pour l’acceptation ou non mon dossier dans un premier temps. Et puis les étapes qui pourraient arriver à la suite de l’acceptation de mon dossier. Dans la première partie, je dois donc prendre rendez-vous avec un psychologue (minimum 3 rendez-vous) car son avis pèse beaucoup dans la décision du comité pour accepter ou non mon dossier. Psychologue de formation (non-exerçante), j’avais déjà fait pas mal de travail sur moi-même et je me suis dit que ce serait l’occasion de pouvoir faire le point en même temps sur mon propre travail. J’ai donc fait le choix conscient d’accueillir les questions qui m’étaient posées et d’y répondre le plus honnêtement possible. Pour cette première partie, il m’a fallu à peu près 6 mois de temps avant de recevoir ma réponse qui a été positive.
J’ai reçu mon acceptation en juin 2014. En pleine phase de transition, je menais de front plusieurs projets de vie : j’étais activement à la recherche d’un appartement à acheter, et ce projet-ci. L’été 2014, j’ai donc signé mon compromis pour mon appartement. L’appartement était un projet important, je refaisais tout l’appartement, je me lançais dans des devis, coordination de travaux, supervision de travaux, un peu de travaux moi-même, … J’ai pris la décision de d’abord me concentrer sur l’appartement et de postposer de quelques mois le démarrage de la procédure de conception d’un enfant.
2015 a été une année riche en rencontres et événements, la fin de mes travaux, la rencontre avec mon compagnon, le déménagement dans mon appartement… La rencontre avec mon compagnon est un moment fort de cette année-là. Ma volonté étant de bâtir des relations saines et transparentes, j’ai fait part dès le début de mon désir d’enfant et des démarches que j’avais entamées. J’ai choisi de mettre entre parenthèse le démarrage de mon projet de conception pour voir comment évoluerait notre relation.
Un point qui nous est important à tous les 2, c’est le respect. Tout comme je respectais la position de mon compagnon de ne plus vouloir d’enfant (il était déjà parent), il était respectueux de mon désir d’avoir un enfant. Nous en avons discuté et dans cette philosophie de respect, en début 2016, j’ai fait mes premiers essais. Dans un premier temps j’ai fait 2 essais d’insémination, mais sans succès. Comme entre temps j’avais 37 ans, les médecins m’ont proposé de faire un examen plus approfondi car malgré les hormones, ma production d’ovules était fort basse. Le résultat était positif, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de problème fonctionnel, j’étais juste « vieille », j’avoue que j’ai trouvé le retour assez confrontant et pas encourageant. Après tout, avoir recours à la PMA et certainement en tant que femme « seule » reste relativement tabou, même si cela commence à se décoincer dans les conversations, cela reste « touchy ». Et soyons honnête ma situation de femme « seule » à concevoir un enfant tout en étant dans une relation, est encore moins courante et sort des normes habituelles. Comme je vis bien cette situation, je me dis que je peux peut-être aider d’autres personnes en parlant de mon parcours et en partageant mon vécu avec d’autres.
Pour en revenir au parcours PMA, les médecins ont donc décidé de me faire commencer les FIV.
Premier essai en octobre 2016, dont les premiers résultats ont été positifs, mais les résultats suivants n’ont pas confirmé la grossesse. J’ai entamé la deuxième FIV en janvier 2017, qui a tout à fait échoué. J’en étais à 2 échecs, il me restait 4 essais après quoi il faudrait que je finance cela moi-même si je voulais continuer. Alors non seulement, il y a la pression de l’âge, je rentrais dans l’année de mes 39 ans, mais aussi la pression du nombre essais.
Pour moi, j’ai pris la décision de me poser les bonnes questions, et j’ai décidé de consulter une spécialiste d’un autre centre pour avoir une seconde opinion. Cette spécialiste m’a été vivement conseillé. Ce rendez-vous a été très enrichissant car j’ai pu découvrir une approche différente (j’avais demandé à mon centre PMA actuel de lui envoyer mon dossier, afin qu’elle puisse prendre connaissance de la situation). La spécialiste que j’avais consulté me proposait un autre traitement plus intense et au vu de mon âge d’essayer de m’implémenter 2 ovules fécondés. Elle m’a expliqué qu’au vu de la situation mettre 2 ovules était aussi un moyen d’augmenter les chances que 1 reste.
J’ai pris rendez-vous avec mon centre PMA et j’ai posé des questions à mon médecin : vu les 2 échecs précédents, allait-on changer quelque chose dans le protocole ? Allait-on considérer d’implémenter deux ovules fécondés ? Dans les grandes lignes, le centre PMA me proposait de très légers changements au protocole que j’avais et pas d’avancer avec 2 car cela augmentait le risque de jumeaux.
Mon choix était fait, j’avais perdu confiance dans le centre actuel, j’avais l’impression qu’ils suivaient des protocoles bien définis sans tenir compte de la particularité de la situation.
Le temps de transfert de mon dossier (6 semaines plus tard, j’ai pu commencer à travailler avec mon nouveau spécialiste dans un autre centre). Je recommence tout le protocole de traitement (il est peut-être temps d’avouer que je ne suis absolument pas fan des aiguilles, je les fuis même, autant se dire que j’étais servie) dans le nouveau centre PMA.
Comment dire, sur le chemin de la vie, on peut rencontrer des situations invraisemblables et c’est ce qui m’est arrivé avec l’essai d’avril 2017. L’impensable … je reçois un coup de fil le soir même de la journée où l’on « récolte » les résultats de la « production » d’ovules, le labo avait perdu mes ovules, mais l’hôpital couvrira tous les frais de mon prochain essai. (Enfin par « tous les frais », entendons-nous, la partie prise en charge par la sécurité sociale, et ici uniquement les médicaments du protocole). Alors autant se dire que, shootée aux hormones, ce message a été une douche froide qui a provoqué un effondrement en larmes assez intense. Une fois le message intégré et digéré autant que possible, je me suis relevée et j’ai pris rendez-vous avec mon médecin (qui était hallucinée de la situation).
Le temps que je lance un nouvel essai, on est en juin. Cette fois, pas de perte au labo et ils réussissent à féconder 2 ovules et à les implémenter. (Ce que je n’ai peut-être pas mentionné plus haut, c’est lors des essais précédents, la qualité de mes ovules étant pas optimale, ils n’ont jamais su surgeler des ovules fécondés pour un nouvel essai). Et cette fois, shootée au maximum des hormones possibles, la grossesse se confirme et est une grossesse gémellaire. Quel bonheur, moi qui avais le souhait de deux enfants avant 40 ans, le voici donc en cours de réalisation.
Il ne faut pas se mentir, cela est souvent un parcours compliqué et certainement pas le plus romantique, très médicalisé et pas comme on l’avait envisagé mais au final qu’importe il existe pour permettre de concevoir dans des situations où dans un autre moment de l’histoire cela n’eut pas été possible. Alors je dis merci car sans ce parcours je n’aurais pas eu mes jumeaux et je n’aurais jamais pu combler ce vide profond et ce sentiment que quelque chose manquait dans ma vie.
Pour terminer, je dirais la chose suivante en plus. Mes jumeaux sont arrivés avec 6 semaines d’avance et en césarienne car je faisais un syndrome HELP (j’étais hospitalisé depuis une semaine). Ils sont restés en néonat pendant 22 jours (moi je suis restée donc 7 semaines à l’hôpital, du coup). Mes semaines en néo-nat je les ai vécues comme un cadeau. J’ai eu le temps d’apprendre à connaître mes enfants, à apprendre comment leur donner un bain, à reconnaître quand ils étaient bien ou pas grâce aux médecins et aux infirmières qui étaient présentes. Et j’avoue le luxe, les infirmières leur ont donné à manger la nuit, ce qui me permettait de dormir 6 heures d’affilées et de rentrer relativement reposée à la maison avant de commencer à gérer les nuits sans aide. On a pu gérer les visites de la famille et amis facilement. C’était pour moi une bonne expérience."
Merci à Amandine d'avoir accepté de partager avec nous son témoignage et quel bonheur de lire qu'elle est l'heureuse maman de jumeaux.
Vous n'êtes pas seul.e! Je vous souhaite de tout mon cœur que votre bébé miracle s'installe bientôt!
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