Sophie nous partage son parcours en PMA. Après 3 ans d'essai, elle fera plusieurs FIV en Belgique, puis se dirigera vers l'Espagne pour bénéficier d'un don d'ovocytes. Elle est aujourd'hui l'heureuse maman de deux merveilleux enfants.
« A l'aube de mes 33 ans, je décide d'arrêter la pilule. Je viens de trouver un boulot plus stable, plus calme et je me sens prête pour devenir maman. Les enfants de mon compagnon sont de jeunes adolescents et nous pensons que pour eux aussi, la période est moins sensible. Nous sommes ensembles depuis 3 ans. Tous les paramètres me semblent positifs.
Après 1 an, toujours rien. Je me rends chez ma gynéco... "Mais Madame, un couple qui n'a pas fait ses preuves, ne doit pas s'inquiéter avant 3 ans"... Bref, je me sens toute bête, je m'inquiète visiblement pour rien.
L'année suivante, rebelote mais là, je la sens moins assurée et elle me demande d'effectuer des courbes de température pendant 6 mois. Ce que je fais.
Nous effectuons ensuite quelques examens : examen de mes trompes, un spermogramme. Les deux s'avèrent pas trop top mais pas cata non plus...
Entre-temps, les 3 ans sont écoulés et elle m'envoie en PMA mais avec la promesse que je ne suis "pas candidate pour la FIV mais pour une insémination artificielle". Je n'ai pas de souci à me faire. A l'époque, j'avoue ne pas y prêter attention.
Après un RDV en PMA... je démarre un protocole de FIV... sans explications sur le déroulement pratique. "Madame, Il faut se dépêcher, vous avez déjà 36 ans". Oups, en effet cela ne me semblait pas si vieux mais dans sa bouche 36 ans prend une toute autre connotation.
Personne ne prend la peine de m'expliquer concrètement comment cela se passe et de mon côté, naïvement, je ne pose pas de question non plus. La seule information que l'on me donne c'est "surtout surveiller votre poids car on ne fait pas de FIV chez les femmes en surpoids (me voilà prévenue, inutile de me consoler avec une tablette de chocolat).
Ma première FIV, j'y suis partie "la fleur au fusil", ne sachant pas trop à quelle sauce j'allais être mangée mais je dois dire, j'ai assez vite déchanté.
Ce centre PMA est une grosse machine, nous sommes toutes appelées dans la même salle d'attente au fur et à mesure du traitement afin de compter le nombre d'ovocytes et leur évolution.
Jours après jours, FIV après FIV pour les moins chanceuses, nous nous rencontrons et commençons à sympathiser. Certaines ont un long parcours derrière elles, d'autres travaillent sur un portable car tout cela se fait le matin tôt et nous allons travailler ensuite....
Les FIV, personne n'en parle mais c'est tout de même assez pénible pour madame : injections multiples (et il ne vaut mieux pas se tromper dans le dosage hein) qui vous fait fluctuer les hormones en permanence.
Tous les 2 jours, déplacement à l’hôpital, pour la prise de sang et il faut être libre dans la journée pour le résultat que l'infirmière vous communique par téléphone car elle vous dit aussi combien vous devez vous injecter le lendemain et vous donner votre RDV pour la prochaine prise de sang + écho vaginale. Il faut tout bien caler dans votre journée de travail.
Nous voyons +/- tous les 2 jours un gynécologue, à chaque fois un différent. Pour moi, qui ai 36 ans et ai toujours eu le même médecin, c'est bizarre... mais enfin, c'est pour la bonne cause !
Et cela défile car il y a du monde dans la salle d'attente, une écho vaginale ne dure pas plus de 5min. Un jour, nous avons même entendu dans la salle d'attente, un médecin dire à la patiente "non, non, ne tirez pas vos chaussettes, on n'a pas le temps". Nous nous sommes toutes regardées en levant les yeux en l'air.
LE grand jour : la ponction. " Madame vous avez le choix, on peut vous la faire sous sédation ou pas. Mais si on le fait, les risques pour vous sont plus grands et rendez-vous comte que les ovocytes sont très fragiles, le produit s'y mettra tout suite et influencera la qualité de la ponction. Si vous n'êtes pas trop douillette, essayez sans".
Devinez ce que j'ai fait ? On voit que ces médecins ne l'ont jamais fait eux-mêmes... Car lorsque les ovocytes sont placer au-dessus de l'ovaire, les attraper, ce n'est pas vraiment une partie de plaisir.
Ensuite replacement de l'embryon et il se peut que vous ayez fait tout cela pour rien et qu'il n'y ait pas d'embryon à remplacer ce qui est encore plus pénible. Heureusement, j'en ai toujours eu au moins 1.
A signaler, le travail remarquable des infirmières qui sont, elles, toujours les mêmes, et nous accompagnent, nous réconfortent et nous écoutent tout le long du traitement. Ce sont elles qui annoncent les bonnes nouvelles mais elles aussi qui annoncent les mauvaises.
C’est un exercice de jonglerie avec mon travail mais aussi avec ma vie privée car je ne l'avais pas annoncé à nos amis, ce qui est généralement le cas, il leur faudra une bonne de dose de compréhension pour mes annulations de repas sympa en dernière minute. J'ai aussi annulé un repas pour les 40 ans surprise d'un ami... On ne s'est plus vus pendant 1 an…
Après 4 FIV, j'ai un rdv avec une psychologue : hé oui, mon moral n'est pas au beau fixe et j'ai un peu de mal avec l'explication "c'est la faute à pas de chance". Cela n'a pas beaucoup changé mon moral mais au moins, j'ai pu parler à quelqu'un... J'ai eu 1 rdv...dommage.
J'ai fait à cet hôpital 5 FIV sur 4 ans, qui m'ont donnée les résultats divers, de 7 embryons à 1, parfois nous pouvions congeler car la qualité était top et parfois...il n'y avait rien à congeler.
Vu mon âge, on me remettait chaque fois 3 embryons lorsque c'était possible.
On me propose alors une chirurgie exploratoire car enfin, "madame, ce n'est pas normal qu'aucun embryon ne prenne". Mais celle-ci ne montrera rien.
A l'époque, les assurances ne remboursent pas encore les hospitalisations pour FIV.
On me propose alors, de ne pas faire la dernière FIV remboursée par la sécu moi-même mais de la donner à une donneuse que je dois amener. On m'explique alors le principe de l'auberge espagnole : tout le monde amène sa donneuse et suivant les critères physiques des unes et des autres, le centre PMA redistribue les embryons anonymement.
J'avoue qu'à ce moment-là je tombe un peu des nues car personne n'avait évoqué la piste avant cela.
Malheureusement pour moi, je n'ai pas crié sur tous les toits être en traitement. J'ai 40 ans et des amies de cet âge donc ce n'est pas possible car les critères sont assez stricts. J'ai une sœur plus jeune de 4 ans mais qui n'est pas enthousiaste non plus... Bref, je n'ai pas de donneuse....
Je décide alors de quitter ce centre PMA pour me diriger vers un cabinet privé afin d'avoir un autre avis.
Après examen de mon dossier, le gynéco me dit que dans ce centre PMA, c'est toujours la même technique qui a été utilisée la FIV sous ICSI et que cela veut la peine de tenter d'autres approches.
Je fais encore 6 FIV dont 5 à ma charge totale, au niveau financier ce qui n'est pas anodin non plus. Car les médicaments coûtent cher, les hospitalisations de jour aussi. Le suivi en privé également…
Je vais en Flandre car le gynéco travaille avec cet hôpital me disant qu'il y trouve le travail plus qualitatif dans le triage des ovocytes et dans l'insémination.
Je suis hospitalisée 1 fois pendant 10 jours pour cause d'hyperovulation : en moins de 48 heure, j'ai un ventre de femme enceinte de 6 mois. Là aussi pas de panique, "Madame, c'est une bonne chose car souvent là où il y a hyperovulation, il y a grossesse." Malheureusement pour moi, il n'en fut rien.
J'ai alors 40 ans et 11 FIV derrière moi... Et toujours pas d'enfant...Un moral proche de 0...
Je décide de me tourner vers l'adoption mais je déchante assez vite : il faut obtenir une accréditation et suivre des cours pendant 2 ans. Mon compagnon étant plus âgé, on nous répond tout de go "mais vous aurez l'âge d'être grands-parents, on ne vous donnera jamais un enfant même dans un pays étranger". C'était vraiment plein ... de tact, non?
Le gyné me parle alors d'aller en Espagne où on peut acheter des ovocytes car en Belgique il y a 2 ans d'attente à l'époque. Il m'explique qu'en Espagne le don d'ovocyte est rémunéré et donc il y a autant de donneuses que de donneurs de spermes en Belgique. Il m'explique que le processus est sûr et que je ne rencontrerai pas de charlatans.
Je cherche un centre sur internet (oh merci à internet) et choisi un centre répondant aux mêmes critères idéologiques que la Belgique (pas de choix du sexe par exemple, replacement de maximum 3 embryons). J'ai rempli un formulaire pour Barcelone et moins d'une semaine après j'avais une jeune femme en ligne dans un français presque parfait.... de Valencia. Elle m'explique que pour eux je suis OK et que le centre peut me recevoir rapidement.
Je devais venir pour un RDV avec mon compagnon pour une première de prise de contact et quelques examens.
J'ai été impressionnée par le professionnalisme. Chez nous, la question de la fertilité est traitée par un service dans l'hôpital. Là c'est tout l'hôpital qui lui est dédié. Dans l'entrée, le ton est donné : X prélèvements dans l'année, X embryons, X bébés et les taux sont assez élevés, plus élevés que chez nous car les donneuses sont des femmes jeunes sont affichés en lettres géantes sur un tableau.
Dans la salle d'attente, des couples et tous ont une valise, je ne suis donc pas la seule. Toutes les langues sont parlées.
Moins de 3 mois plus tard, le replacement a pu avoir lieu. J'ai la chance d'avoir le type espagnol. Je suppose que si j'avais été grande et rousse, cela aurait duré plus longtemps.
J'ai été suivie en Belgique car il fallait préparer mon corps au replacement embryonnaire.
Ma grossesse a aussi été suivie en Belgique mais je devais transmettre mes résultats à l'hôpital espagnol car ils en tirent des statistiques de toutes sortes.
9 Mois après le replacement, j'étais la maman d'un petit Mathieu (il a 9 ans maintenant)
4 ans après, j'ai remis le couvert et Valentine est venue agrandir notre famille.
Si vous faites le compte vous verrez que j'ai eu mon premier à 41 ans et ma seconde à 45. Ce n'est pas un choix et j'aurais voulu vraiment les avoir plus tôt.
Je ne regrette pas mon choix car j'ai 2 beaux enfants mais c'est un choix impliquant des finances assez conséquentes et aussi d'accepter de ne pas être la mère biologique de mes enfants. Je viens d'une famille ayant des enfants adoptés donc pour moi, cela n'a pas été un problème. J'entends souvent des réflexions sur mes enfants car ils me ressemblent. Cela me fait sourire...J'ai gardé tout leur dossier et le moment venu, ils seront les premiers à savoir d'où ils viennent et feront le choix ou pas de cela pour eux (ou pas).
La morale de cette histoire est qu'elle n'est pas toujours marrante, qu'elle est longue qu'il faut être forte psychologiquement (eh, oui, mesdames, le gros du boulot et des conséquences sont pour nous) mais qu'à la fin si cela ne marche pas il faut soit accepter de ne pas avoir d'enfants (et c'est aussi un choix) soit accepter une voie médiane afin d'avoir une famille à nous ! C'est le choix que j'ai fait et la joie que me donne mes enfants ne me fait le fait pas regretter. »
Merci à Sophie d'avoir accepté de partager avec nous son témoignage et quel bonheur de lire qu'elle est l'heureuse maman de deux magnifiques enfants.
Vous n'êtes pas seul.e! Je vous souhaite de tout mon cœur que votre bébé miracle s'installe bientôt!
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